Philosopher comme Socrate dans les villes et villages du Haut-Jura
Ce mardi 7 juilllet avec Julien Vandelle, directeur de la médiathèque de Saint-Claude, nous faisons halte avec la Philomobile au terrain de foot de Lavans-les-Saint-Claude. Là nous rencontrons des jeunes qui nous regardent amusés quand nous leur proposons un dialogue philosophique. Un jeune homme entre dans la discussion. Il est poli et assez charmeur. Nous en profitons pour nous interroger sur l'attitude du charmeur en général. Le charmeur attire les autres à lui mais le problème parfois c'est qu'à force de vouloir charmer, il ne sait pas bien ce qu'il pense lui-même.
Alors je propose que nous fassions l'effort de savoir ce que nous pensons. Ici comme dans beaucoup d'endroits, les thèmes qui préoccupent les jeunes sont l'argent et l'amour. Nous questionnons les présupposés qu'il a dans la phrase d'un jeune homme "moi je ne vais pas avec ma meuf à la plage, car il y a d'autres garçons". On comprend l'implicite. Cela implique que la confiance ne règne pas, manque de confiance, en soi, en l'être aimé et en les autres. Le jeune homme semble un peu étonné de cet implicite que nous venons de mettre au jour. Peut-être va-t-il s'interroger sur ce manque de confiance qui ne semble pas aller de pair avec l'amour, car aimer, n'est-ce pas par définition faire confiance ?
Puis nous nous arrêtons au bord d'un autre terrain de foot. Il y a là une une bande de copains et dans une bande de copains on prend des habitudes, on parle vite, on parle parfois à la place des autres et certains ou plutôt certaines se taisent, ne disent jamais rien car elles ont l'habitude qu'on parle à leur place. Est-ce un problème ?
COMMENT FAIRE LA DIFFÉRENCE ENTRE LES CRITIQUES QUI NOUS FONT GRANDIR ET CELLES QUI NOUS EMPÊCHENT DE GRANDIR ? 8 juillet 2020 maraude philosophique à Saint-Claude avec Julien Vandelle. Nous garons la Philomobile devant les barres HLM des Avignonnets. Nous allons philosopher à l’improviste avec les jeunes de la cité. J’ai dans ma besace les histoires de Narsreddin. C’est un élève d’origine turque qui me l’avait fait découvrir quand j'étais prof. Mi-sage mi-fou, Narsreddin est un personnage qui fait rire et réfléchir. Je m’installe sur un muret alors que les enfants jouent, sur leurs vélos, leurs trottinettes. L’histoire les arrête dans leur mouvement, c’est celle de Nasreddin de son fil et de son âne. Tous les trois se rendent au marché mais quoiqu’ils fassent, toujours les passants trouvent à redire. Soit parce que c’est le fils qui monte sur l’âne, soit parce que c’est le père, soit parce qu’ils montent tous les deux sur son dos, soit encore parce qu’ils marchent à côté. À la fin, ne sachant plus comment éviter les critiques, ils finissent par porter l’âne ce qui ne fait que redoubler les quolibets. Bref, cela ne va jamais. Nous comprenons que l’histoire dit que quoi que nous fassions nous serons toujours critiqués. Il ne peut pas en être autrement. Les enfants ont déjà saisi cela. Ils ont eux-mêmes critiqué et ils ont essuyé des critiques. Alors, je pose la question : faut-il tenir compte des critiques ou pas ? Les avis sont partagés, un enfant pense que ce n’est pas la peine c’est du temps perdu, il faut avancer, faire ce que l’on a à faire. Un autre un peu plus en retrait, pense que non, il faut écouter certaines critiques. Lesquelles ? Celles qui nous font grandir. Mais alors comment savoir la différence entre les critiques qui nous font grandir et celles qui au contraire nous empêchent de grandir ? Je m’arrête ici dans le récit voyons si les internautes qui passent par là auront des idées de réponses que je pourrai communiquer aux habitants mercredi prochain quand je retourne à Saint-Claude. Merci à Dilay, Rayan, Lina, Alperen, Rumeusa, Tayar, Yacine, Zilara, Erica, Magalie pour leurs idées. Merci à l'association La fraternelle / Maison du Peuple avec le dispositif « quartiers d’été » de rendre possibles ces échanges.