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DE L’OBSERVATION DE SOI.



« Connais-toi toi-même » était-il écrit au fronton de Delphes. Dans certains dialogues de Platon, Socrate reprend à son compte cette maxime.

Un moyen pour se connaître peut consister à s’observer et à se questionner et non pas à se raconter comme on a tendance à le faire (car lorsqu'on se raconte, on construit son propre mythe).

Pour se connaître, on peut s’observer là, tout de suite, dans l’instant. Par exemple, alors qu’une personne me parle je consulte mon smartphone ou encore je réagis avec véhémence à un propos, je ne dis rien de toute la soirée, ou bien je ne cesse de contredire, je fais des blagues ou je prends un air sérieux, je me plains, je bavarde, je ponctue presque toutes mes phrases d’un rire nerveux, je me jette sur la nourriture, je comble tous les silences par mes paroles, je n’ose regarder les autres dans les yeux, je fais des blagues ou je me confonds en excuses ou bien encore je me noie dans des compliments excessifs et devient obséquieux. Autant d’attitudes courantes qu’on observe chez les autres, plus difficilement chez soi. Chaque attitude est révélatrice d’un fonctionnement qui pourrait être examiné, questionné, cela aiderait à mieux se connaître.

Mais voilà, il est très difficile d’observer ces attitudes toutes simples. Pourquoi ? - Parce qu’elles nous paraissent anodines, triviales, elles nous semblent beaucoup moins importantes que notre histoire personnelle, que notre parcours de vie. - Parce qu’elles ne sont pas très flatteuses pour notre ego, ce n'est pas très agréable de se voir en bavard, en glouton, en emmerdeur, en flatteur, etc... - Parce que nous y sommes tellement habitués que nous ne les voyons pas.

Mais à force, il arrive que ces attitudes virent à l’excès et si rien ne vient nous arrêter, nous nous y enfermons de façon presque caricaturale. Si quelqu’un s’avise de nous les montrer, généralement nous évitons de prendre le temps de l’observation. Nous changeons de sujet. Ou alors, nous nous trouvons des excuses. Exemple, « si je regardais mon smartphone, c’est parce que j’attendais un sms très important ». Ou bien nous accusons l’autre ou les circonstances « si je bavardais pendant le cours c’est parce que X me parlait ». Ou encore nous attaquons, « et toi, tu t’es vu ? Toi aussi hier pendant que je te parlais tu as fait la même chose, tu étais sur ton smartphone, alors ne viens pas me faire la morale ! ».

Dans tous les cas, nous ne prenons pas le temps de suspendre notre jugement et plutôt que d’examiner tranquillement ce que l'autre nous montre, nous rentrons en bagarre avec lui et nous négligeons l’observation de nous-mêmes. Elle serait pourtant éclairante et même passionnante pour peu que l’on ait le souci de soi et un certain intérêt pour sa propre existence.

Prenons l’exemple d’une personne qui ne cesse de contredire. Si elle s'examinait elle pourrait se questionner. Pourquoi fait-elle cela ? Peut-être fait-elle passer son autonomie avant toute chose, peut-être se méfie-t-elle de l’autre, peut-être veut-elle ainsi lui signifier que quelque chose lui déplaît. Mais quelles sont les conséquences de cette attitude lorsqu’elle vire à l’excès ? L’esprit de contradiction finit par rendre impossible l’écoute, celui ou celle qui s’y enferme ne lâche jamais prise, il ne fait pas confiance rendant tout dialogue réfléchi impossible. Il finit aussi par exaspérer ses interlocuteurs qui ne se sentent pas pris en compte.

Ou prenons l’exemple d’une personne qui se jette sur la nourriture. Pourquoi fait-elle cela ? Peut-être a-t-elle besoin de s’accrocher à ce plaisir sensuel pour combler un vide affectif, une angoisse existentielle, pour fuir la dure réalité. Mais quelles sont les conséquences de cette attitude lorsqu’elle vire à l’excès ? Outre les conséquences physiques de la boulimie, l’addiction à la nourriture comme toute addiction, nous enferme dans un cercle vicieux, produit des crises de manque qui accaparent l’esprit le rendant indisponible pour des plaisirs plus subtils, plus spirituels.

Chacune de nos attitudes comporte un intérêt puisque nous l’avons adoptée, mais elle entraîne aussi avec elle un certain nombre de problèmes que nous prenons rarement le temps d’examiner, à moins que ce problème finisse par nous rendre l’existence insupportable.

Dommage d’en arriver là, avec un peu plus de simplicité, de détachement et de légèreté, sans moraliser et sans tomber dans les affres de la culpabilité, nous pourrions observer nos propres comportements afin d’en éviter les travers et d’avancer au mieux dans l’existence.

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