LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE N’EST PAS DE LA PSYCHOLOGIE, DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL OU DE LA PHILOSOPHIE ACADÉMIQUE
La pratique philosophique, qui se développe en France et dans le monde depuis plus d'une vingtaine d’années, se distingue de la psychologie et du développement personnel, avec lesquels on la confond parfois.
Contrairement à la psychologie, elle ne cherche ni à soigner ni à traiter des pathologies. Là où la psychologie vise des solutions thérapeutiques par la parole et le récit, la pratique philosophique propose d’exercer la pensée.
Elle est à l’esprit ce que le sport est au corps : un exercice régulier visant à raffermir et assouplir notre pensée. Il ne s’agit pas de guérir, mais d’entraîner la réflexion, de stimuler l’esprit comme on muscle et assouplit le corps.
La pratique philosophique ne se confond pas non plus avec le développement personnel, généralement centré sur l’individu. La pratique philosophique intègre une dimension collective et sociale. Dans les ateliers, les participants apprennent à penser ensemble. Ce ne sont pas des débats où il s’agit d’avoir raison, mais des espaces de réflexion commune où l’on explore des idées, des hypothèses, où l’on apprend à changer de perspective et à penser contre soi-même.
De plus, la pratique philosophique se déploie dans des lieux inattendus : des prisons, des EHPAD, sur les marchés, dans les quartiers et dans la rue. Contrairement à la philosophie académique, souvent cantonnée aux écoles et aux universités, elle investit l’espace public.
À la manière de Socrate, les philosophes praticiens interrogent celles et ceux qu’ils rencontrent sur leur chemin, qu’il s’agisse d’une boulangère, d’un charpentier, d’un coiffeur ou d’une universitaire.
Ils n’hésitent pas à secouer les certitudes de ceux qui s’abritent derrière leur savoir. En effet, l’intelligence peut parfois se retourner contre elle-même : une personne brillante défendra souvent une idée parce qu’elle lui plaît, sans se demander pourquoi elle l’apprécie. Elle justifiera ses émotions au lieu de les questionner, ce qui peut conduire à la rigidité et à l’intolérance. Eh oui, parfois l’intelligence rend con.
Le philosophe praticien, à l’image de Socrate, ne se laisse pas impressionner par ce type de comportement. Son rôle est de révéler ces rigidités et de réveiller la pensée critique.
Merci pour ce distinguo qui éclaircit ma pensée. Je comprends mieux la différence bien que la frontière (s'il en est) soit assez ténue. Jicé