Ateliers philo avec des enfants de CM1-CM2 à propos de l’importance de se tromper. Il est de bon ton dans les discours pédagogiques à la mode de dire que se tromper ce n’est pas grave. Le problème c’est qu’entre le discours et les actes, il y a souvent un fossé. D’un côté les enseignants disent souvent que savoir se tromper c’est important, mais de l’autre, le système scolaire et bien souvent aussi les parents, ne cessent d’attirer l’attention sur les résultats. Alors quand « on dit se tromper ce n’est pas grave », on voit bien qu’on n’y croit pas vraiment, on prononce cette formule simplement pour se rassurer, mais dans le fond on est très inquiet de nos erreurs.Lors de l’atelier mené hier dans la petite école du village de Lajoux dans le Haut-Jura, je cherche donc avec les enfants à démêler ce problème. Parfois dans une classe, certains enfants arrivent très vite au bon résultat tandis que d’autres peinent, ils y parviennent avec beaucoup de difficultés. - Alors que vaut-il mieux, être à la place de l’enfant qui réussit vite ou à la place de celui qui peine ?- Il vaut mieux être l’enfant qui réussit vite répond rapidement Léa qui est une bonne élève.- Pourquoi ?- Parce qu’il sera vite récompensé et cela lui donnera confiance en lui, précise-t-elle.- Mais alors si ce qui compte c’est d’arriver au bon résultat, est-ce qu’on peut aussi tricher ?- Non parce que la réussite c'est bien que si on a fait des efforts, dit Ali. Si tu réussis parce que tu as triché, tu as peut-être une bonne note, mais tu n’as pas vraiment confiance en toi.- Pourquoi ?- Parce qu’une autre fois, devant la difficulté tu ne sauras pas comment on fait, tu n’auras pas confiance.- Donc finalement pour avoir confiance en soi, il faut réussir vite ou lentement ?
Les enfants sont partagés, nous poursuivons donc la discussion. Certains pensent que finalement il vaut mieux réussir lentement et en peinant, car pour celui qui réussit trop vite c’est un peu comme de la triche en moins grave, parfois on tombe sur le bon résultat, mais c’est juste le hasard. Parfois aussi c’est parce qu’on est doué, mais l’inconvénient alors quand on est doué, c’est qu’on ne prend pas vraiment le temps d’avoir confiance en soi. La personne douée n’a pas appris à mesurer ses forces, à savoir par quoi elle est passée pour en arriver là. Parfois c’est le problème du bon élève qui doute beaucoup de lui finalement, il réussit sans trop savoir pourquoi. Et puis quand arrive un échec, il est perdu.En remontant dans la Philomobile, je pense à notre petite discussion, avec les enfants. Il me semble que c’est un peu pareil dans la vie, si on réussit très vite, très bien, la confiance qu’on a en soi est trop superficielle, quand on est passé par des échecs et qu’on a pris le temps pour les surmonter, de les regarder sans s’affoler, sans dramatiser, on devient bien plus solide.
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