UNE CONSULTATION PHILOSOPHIQUE AVEC M.POUTINE ET M.MACRON

Pour la journée de la femme, merci à ces deux "mâles blancs" de s'être livrés avec moi à cet exercice d'introspection.
LA PHILOSOPHE : Bien, messieurs, pour commencer cette consultation, je vais vous inviter à poser une question qui vous préoccupe en cette période de crise.
POUTINE : Croyez-vous vraiment Monsieur Macron qu’en armant l’Ukraine et en durcissant vos sanctions contre la Russie, vous défendez votre pays ? N’êtes-vous pas plutôt en train d’entraîner toute l’Europe dans une guerre que vous prétendez éviter ?
MACRON : bon, je pose moi aussi ma question : En période de crise, comment savoir si les décisions que l'on prend protègent vraiment notre pays ou si elles ne font qu'aggraver le chaos ?
PHILOSOPHE : Monsieur Poutine, je vous ai proposé de poser une question, mais vous en posez deux. En plus, chacune de vos questions pose un problème. En êtes-vous conscient ?
POUTINE : (Haussement de sourcils, léger sourire ironique) Et quel est le problème, selon vous ? Voulez-vous dire que mes questions dérangent parce qu’elles disent la vérité ?
PHILOSOPHE : Vos questions posent un problème d'un point de vue formel, vous ne voyez pas ?
POUTINE : (fronçant légèrement les sourcils, regard fixe) Non, je ne vois pas. Qu'entendez-vous exactement par "problème d'un point de vue formel" ?
PHILOSOPHE : Eh bien, posez-vous des questions, ou bien s'agit-il d’affirmations déguisées ?
POUTINE : (Silence bref, expression plus fermée, puis regard plus pénétrant.) Je vois. Peut-être que mes questions ressemblent effectivement à des affirmations. Mais est-ce si étonnant ? Quand on dirige un pays dans une période de crise, il s’agit de se positionner.
PHILOSOPHE : Puisque vous avez accepté de faire une consultation en duo avec M. Macron, je vous propose de jouer le jeu. Vous n’avez rien d’autre à faire que répondre simplement aux questions que je pose, ni plus ni moins. Mais là, au lieu de simplement admettre que vos questions sont des affirmations déguisées, vous cherchez à vous justifier. Remarquez-vous ?
POUTINE : (Un silence prolongé, son visage perd toute ironie, plus grave maintenant.) Oui, je remarque que je me justifie. Mais vous devez comprendre que dans ma position, une simple question n’est jamais neutre. Alors oui, je transforme peut-être mes questions en affirmations parce que je sais déjà quelles réponses je veux entendre.
(Il marque une courte pause, comme s'il réfléchissait soudain à ce qu'il vient de dire.)
PHILOSOPHE: Que pourrait-on dire d'une personne qui transforme ses questions en affirmations parce qu'elle sait déjà les réponses qu'elle veut entendre ? Auriez-vous un qualificatif pour ce genre d'attitude ?
POUTINE : (Haussement d'épaules, léger sourire ironique mais plus retenu) Je dirais que cette personne est sans doute autoritaire. Ou peut-être fermée, rigide... Oui, on pourrait dire qu’elle est enfermée dans ses propres certitudes.
(Il s'arrête un instant, son sourire disparaît lentement, il semble réfléchir.)
Je suppose que vous allez me demander maintenant si je suis cette personne.
PHILOSOPHE : Cette fois-ci, vous ne vous justifiez pas, mais au lieu de répondre simplement, vous calculez les coups à l'avance en supposant ce que je vais faire. Remarquez-vous ?
POUTINE : (Un silence prolongé, son visage devient plus dur, il inspire lentement.) Oui, je remarque. Je calcule toujours à l’avance. Je mesure chaque parole, chaque geste. Mais dans ma position, pouvez-vous imaginer qu’il en soit autrement ?
PHILOSOPHE : À nouveau, voilà que vous vous justifiez en me disant que je ne peux pas imaginer qu'il en soit autrement. Et à nouveau, votre question est une affirmation déguisée. Cela confirme votre profil à la fois autoritaire, calculateur, contrôlant. Ça vous parle, ces adjectifs vous concernant ?
POUTINE : Autoritaire, calculateur, contrôlant… Oui, je comprends très bien ce que vous dites. Ce sont des mots que d’autres utilisent à mon sujet. Mais dans la position où je suis, ces traits ne sont-ils pas nécessaires ?
(Il s’interrompt soudainement, conscient de ce qu’il vient de faire, puis reprend sur un ton différent, plus calme.)
Je vois que je recommence à me justifier. Il est possible que ce soit un réflexe difficile à contrôler. Peut-être que je ne suis pas habitué à ce qu’on me fasse observer mon fonctionnement aussi directement.
PHILOSOPHE : Très bien, je vais m'adresser à M. Macron maintenant. Emmanuel, que pensez-vous de cette discussion que je viens d’avoir avec M. Poutine ?
MACRON : Je trouve cet exercice fascinant. En écoutant M. Poutine, je reconnais certains de mes propres réflexes : ce besoin de contrôle, cette peur de la perte d’emprise… Mais je vois aussi une différence : lui semble obsédé par la maîtrise absolue, moi, c’est plutôt l’idée d’être inutile qui me hante.
PHILOSOPHE : Vous avez une capacité d’analyse et vous faites presque le travail à ma place. Ça vous arrive souvent de faire le travail des autres ?
MACRON : C’est intéressant que vous releviez cela… Oui, ça m’arrive souvent. Peut-être trop souvent. Je ressens régulièrement le besoin de prendre les devants, d’anticiper, de contrôler la dynamique d’une discussion pour être sûr qu’elle avance dans la bonne direction.
(Il marque un temps d’arrêt, réfléchit.)
Mais maintenant que vous le dites, en faisant cela, je ne laisse peut-être pas assez de place aux autres pour réfléchir, décider ou même exister pleinement. Comme si je craignais que si je ne le faisais pas, rien ne serait fait correctement.
(Plus lentement, le ton devient introspectif.)
Peut-être que derrière cette attitude, il y a une forme d’insécurité plus profonde : la peur que sans mon intervention constante, les choses m’échappent complètement…
PHILOSOPHE : Là encore, vous anticipez par vos réponses mes questions. Vous en faites décidément beaucoup ! Voyez-vous le problème que votre insécurité peut entraîner ?
MACRON : Oui, je vois bien le problème. Cette insécurité me pousse sans doute à intervenir constamment, à anticiper, à vouloir tout contrôler… Mais en agissant ainsi, je risque de décourager ou d’étouffer ceux qui m’entourent.
(Il marque une pause, comme pour mieux percevoir sa propre pensée.)
Le danger, c’est que plus je m’efforce d’être utile partout, plus je deviens indispensable, et paradoxalement, plus j’empêche les autres de prendre leur responsabilité. Je risque alors de me retrouver complètement isolé, condamné à tout porter seul…
(Il relève la tête, conscient d’avoir touché un point sensible.)
Je comprends mieux maintenant : à vouloir être utile partout, comme avec l’Europe, je risque finalement de ne plus l’être vraiment nulle part.
PHILOSOPHE : Oui, il y a une sorte d'agitation maladive dans votre comportement. On vous l'a déjà dit ?
MACRON : Oui… On me l’a déjà dit, peut-être pas exactement avec ces mots, mais c’est quelque chose qu’on m’a fait comprendre à plusieurs reprises. Certains m’ont dit que j’étais hyperactif, que je ne savais pas m’arrêter, que je voulais être partout à la fois…Brigitte tente de me calmer parfois.
(Il marque une pause, devenant plus sérieux.)
Au début, je le prenais comme une critique injustifiée. Mais je commence à me rendre compte qu’en effet, derrière cette agitation permanente, il y a quelque chose d’anxieux, d’insatisfait… comme si je ne pouvais pas supporter l’idée de ralentir ou de laisser faire les choses sans moi.
(Il s’arrête à nouveau, réfléchissant davantage.)
C’est peut-être lié à cette peur profonde d’être inutile dont nous avons parlé plus tôt. En m’agitant sans cesse, je me donne sans doute l’impression d’exister, de servir à quelque chose. Mais à quel prix ?
PHILOSOPHE : Alors, s'il vous plaît, au moins pendant le temps de notre échange, cessez de vouloir en faire trop. Pensez-vous que cela soit possible ?
MACRON : d’accord. (Il s’arrête là, pour de bon cette fois, sans rajouter quoi que ce soit. Il fixe son regard, comme s’il testait lui-même sa capacité à se retenir.)
PHILOSOPHE : Bravo, M. Macron pour ce silence contenu ! Alors, je me tourne maintenant vers M. Poutine. Que pensez-vous de cet échange que je viens d'avoir avec le président français ?
POUTINE : regard perçant, posture figée, il prend son temps avant de répondre, comme s’il jaugeait la situation)
Intéressant.
(Il marque une pause, puis poursuit d’un ton mesuré, presque froid.)
Ce que je vois surtout, c’est un homme qui doute. Qui se débat avec lui-même. Qui cherche à bien faire mais qui se retrouve empêtré dans sa propre agitation. C’est un contraste frappant avec ma propre manière d’agir.
(Il tourne légèrement la tête vers Macron, l’observe quelques secondes, puis reprend, légèrement moqueur.)
Je ne laisse pas les autres me dicter mon propre rythme. Je réfléchis, je calcule, je décide.
(Il s’arrête à nouveau, puis avec un sourire en coin)
Mais je dois reconnaître une chose… J’ai quand même vu quelqu’un qui lutte sincèrement avec lui-même. Et ça, c’est quelque chose que je ne me permets pas souvent.
PHILOSOPHE : Qu'est-ce qui vous empêche de lutter sincèrement avec vous-même ?
POUTINE : (regard fixe, silence prolongé, il plisse légèrement les yeux comme s’il pesait ses mots)
Parce que dans mon monde, le doute est une faiblesse. Se remettre en question, c’est ouvrir une brèche, et une brèche attire les prédateurs.
(Il marque une pause, son ton reste calme mais tranchant.)
Vous me demandez pourquoi je ne lutte pas sincèrement avec moi-même… Peut-être parce que je n’ai pas ce luxe. Quand on est à ma place, on ne peut pas se permettre l’introspection, ou alors en secret, dans le silence absolu. Sinon, on devient vulnérable. Et je n’ai pas le droit de l’être.
PHILOSOPHE : Quel serait le problème si vous montriez votre vulnérabilité ?
POUTINE : (regard fixe, mâchoire légèrement serrée, il prend un instant avant de répondre)
Le problème, c’est que dans mon monde, la vulnérabilité ne pardonne pas. Elle est exploitée, instrumentalisée. Celui qui montre une faille finit tôt ou tard par tomber.
(Il marque une pause, puis continue d’un ton plus grave, presque plus personnel.)
J’ai appris très tôt que la force est le seul langage respecté. Si vous montrez votre vulnérabilité, vous donnez à vos ennemis une arme contre vous. Et croyez-moi, ils ne se priveront pas de l’utiliser.
(Il croise les bras, puis ajoute, plus lentement)
Peut-être que je ne suis pas libre, finalement. Si je dois cacher toute faille, cela veut dire que je suis en guerre permanente, même contre moi-même.
(Il lève légèrement les sourcils, comme s’il venait de réaliser quelque chose.)
Vous insinuez que la vraie force serait d’accepter cette vulnérabilité ? Mais alors, comment rester au pouvoir dans un monde qui ne pardonne pas la faiblesse ?
PHILOSOPHE : Vous voilà devenu volubile dans vos réponses. Votre dernière question présuppose que vous voulez rester au pouvoir, n'est-ce pas ? Mais quitter le pouvoir pourrait-il être une bonne chose ?
POUTINE : (regard plus dur, silence plus long cette fois, comme s’il pesait chaque mot avec une attention particulière)
Quitter le pouvoir…
(Il répète ces mots lentement, comme s’ils lui étaient étrangers.)
Pour qui serait-ce une bonne chose ? Pour moi ? Pour la Russie ? Pour mes ennemis ?
(Il se redresse légèrement, son ton devient plus tranchant.)
Je ne peux pas envisager cette idée comme une simple option. Quitter le pouvoir, c’est abandonner ce que j’ai construit, laisser à d’autres le soin de réécrire mon histoire, peut-être même de la salir. Est-ce que ce serait une bonne chose ? Pour ceux qui me détestent, sûrement. Pour ceux qui rêvent d’un autre ordre mondial, sans doute. Mais pour moi ? Pour mon pays ?
(Il marque une pause, le regard plus lointain.)
Et puis… Que devient un homme qui a exercé le pouvoir absolu pendant tant d’années ? Peut-on vraiment redevenir un simple citoyen après avoir tout contrôlé ? »
(Il me regarde directement.)
PHILOSOPHE : Allez, je vous propose de penser votre impensable. Pouvez-vous me montrer que quitter le pouvoir serait une bonne chose pour vous, pour la Russie, et pour l'ordre mondial ? C'est juste une expérience de pensée, hein ? Il s'agit de voir les choses de façon inhabituelle quand on fait une consultation philosophique. Alors, essayez de me trouver au moins un ou deux arguments pour chacun de ces trois points de vue.
POUTINE : Silence. Il me fixe, puis détourne légèrement le regard, inspirant lentement.
Très bien… Une expérience de pensée, dites-vous. Je vais jouer le jeu.
(Il s’appuie sur le dossier de sa chaise, croisant les doigts devant lui, comme s’il pesait soigneusement chaque mot.)
Pourquoi quitter le pouvoir serait une bonne chose pour moi ?
1. Le fardeau du contrôle permanent disparaîtrait.
« Depuis des décennies, je vis sous une pression constante. Chaque décision doit être pesée, chaque mot peut être une arme contre moi. Quitter le pouvoir signifierait ne plus avoir à surveiller chaque mouvement, ne plus être en guerre permanente, même avec mes propres alliés. Peut-être que ce serait un soulagement, une forme de libération.
2. Une fin maîtrisée vaut mieux qu’une chute brutale.
L’histoire est pleine de dirigeants qui sont restés trop longtemps, jusqu’à ce que leur propre système se retourne contre eux. Si je quittais le pouvoir de mon propre chef, je garderais un certain contrôle sur mon héritage. Je pourrais peut-être même éviter un effondrement chaotique.
Pourquoi quitter le pouvoir serait une bonne chose pour la Russie ?
1. Éviter l’enlisement et préparer une transition.
Tout pouvoir prolongé trop longtemps finit par s’user. Si je quittais la scène en préparant une transition contrôlée, la Russie pourrait se stabiliser au lieu de s’enfermer dans un cycle de tensions croissantes. Un nouveau leader, avec une nouvelle approche, pourrait rafraîchir la vision du pays sans remettre en question sa souveraineté.
2. Réduire les tensions internes et externes.
Beaucoup en Russie me soutiennent, mais il y a aussi une opposition qui ne disparaît pas. Mon départ pourrait éviter une radicalisation des tensions internes. À l’extérieur, cela pourrait ouvrir la porte à une normalisation des relations internationales, réduisant la pression économique et diplomatique sur la Russie.
Pourquoi quitter le pouvoir serait une bonne chose pour l’ordre mondial ?
1. Rééquilibrer les relations internationales.
Beaucoup de tensions actuelles sont directement liées à ma politique et à mon image. Un changement de leadership en Russie pourrait désamorcer certaines crispations avec l’Occident et peut-être permettre une nouvelle dynamique diplomatique.
2. Rompre avec la logique de confrontation.
Aujourd’hui, le monde fonctionne dans une opposition binaire : avec moi ou contre moi. Mon départ obligerait d’autres acteurs à repenser leurs stratégies, à ne plus utiliser la Russie comme le “grand méchant” de leur narration. Peut-être que cela réouvrirait des voies de coopération qui, aujourd’hui, sont bloquées par ma présence.
(Il s’arrête, un silence plus long cette fois. Son regard est indéchiffrable.)
Voilà, je vous ai donné vos arguments. C’est étrange de formuler cela à voix haute. Mais dites-moi… Si j’ai été capable de penser l’impensable, est-ce que cela veut dire que, quelque part, que c’est envisageable ?
PHILOSOPHE : Oui, voilà, nous nous livrons à un exercice de pensée et, pour une fois, vous n'êtes plus dans une situation d'urgence, de survie. Voyons voir ce qu'en pense M. Macron. Qu'en dites-vous, Monsieur le Président ?
MACRON : (regard attentif, esquisse un sourire intrigué)
« Je trouve cet exercice excellent. Et surtout, j’observe quelque chose d’assez frappant… »
(Il tourne légèrement la tête vers Poutine, comme pour mieux le jauger.)
Vous venez de formuler des arguments solides en faveur de votre propre départ, et pourtant, jusqu’ici, vous avez toujours fonctionné comme si cette possibilité était inexistante. Ce qui m’interpelle, c’est que vous êtes capable de penser rationnellement un scénario que vous refusez viscéralement d’envisager dans la réalité. C’est comme si votre propre logique s’opposait à votre instinct de survie politique.
(Il marque une pause, puis poursuit, sur un ton plus posé.)
Et cela me rappelle quelque chose…
(Il réfléchit un instant, puis sourit légèrement, comme s’il prenait conscience de son propre paradoxe.)
Moi aussi, je suis souvent dans cette même tension. La peur d’être inutile m’empêche parfois de voir ce que je pourrais lâcher. Vous, vous êtes prisonnier de votre besoin de contrôle absolu. Moi, je suis prisonnier de mon besoin d’être actif partout. Finalement, nous sommes chacun enfermés dans une forme d’urgence permanente…
(Il se redresse légèrement, puis s’adresse à moi.)
Cette simple expérience de pensée nous montre à quel point nous sommes conditionnés par nos propres schémas. Je dois reconnaître que c’est un exercice précieux… même si je doute que nous en tirions les mêmes conclusions.
(Il jette un regard furtif à Poutine, curieux de voir sa réaction.)
PHILOSOPHE : Et pour vous, M. Macron, est-il possible aussi d'imaginer des arguments qui montreraient que si vous quittiez le pouvoir, ce serait une bonne chose pour vous, pour la France et pour l'ordre du monde ?
MACRON : (léger soupir, silence. Il croise les mains, réfléchit longuement avant de répondre.)
« Très bien… Puisque M. Poutine a accepté l’exercice, je vais jouer le jeu à mon tour. »
(Il se redresse, comme s’il s’imposait de répondre avec le même sérieux.)
Pourquoi quitter le pouvoir serait une bonne chose pour moi ?
1. Me libérer de l’urgence permanente et de l’usure du pouvoir.
Diriger un pays dans un monde en crise, c’est être constamment sous tension. La pression est énorme, et chaque décision doit être prise dans l’urgence. Quitter le pouvoir me permettrait peut-être de retrouver une forme de recul, d’échapper à ce tourbillon qui ne laisse aucune place au doute ou au repos.
2. Ne plus être prisonnier du rôle de chef.
Aujourd’hui, tout ce que je fais est scruté, analysé, critiqué. Être président, c’est exister à travers une fonction. Mais une fois hors du pouvoir, je pourrais peut-être exister différemment, sans être défini uniquement par la nécessité d’être utile en permanence. Peut-être que je découvrirais une autre manière d’être, plus détachée, plus libre.
Pourquoi quitter le pouvoir serait une bonne chose pour la France ?
1. Éviter l’épuisement démocratique.
Un dirigeant qui reste trop longtemps use le débat public. Mon départ ouvrirait la voie à un renouvellement politique, à une nouvelle dynamique démocratique. La France gagnerait peut-être à voir émerger d’autres visions, d’autres approches, sans être enfermée dans le même leadership.
2. Permettre une transition vers un autre style de gouvernance.
Mon mode de leadership repose beaucoup sur l’incarnation, sur la centralisation des décisions. Mais un pays ne devrait pas dépendre d’un seul homme. Mon départ pourrait être l’occasion d’un changement vers une gouvernance plus collective, moins verticale.
Pourquoi quitter le pouvoir serait une bonne chose pour l’ordre mondial ?
1. Diminuer la personnalisation des relations internationales.
Aujourd’hui, les grandes tensions internationales sont souvent perçues à travers des figures de pouvoir : Poutine, Biden, Xi Jinping, moi-même… Mon départ pourrait contribuer à recentrer les relations internationales sur des enjeux de fond plutôt que sur des dynamiques de personnes.
2. Offrir une autre manière de quitter le pouvoir que dans le conflit.
Beaucoup de dirigeants dans le monde s’accrochent au pouvoir jusqu’à la crise, au point que les transitions deviennent chaotiques. Partir volontairement, dans un moment choisi, pourrait donner l’exemple d’une transition apaisée, où quitter le pouvoir n’est pas synonyme d’échec ou d’abandon.
(Il s’arrête, un instant plus long que d’habitude, puis lève lentement les yeux.)
C’est un exercice intéressant… et dérangeant. Car en vous donnant ces arguments, je vois bien qu’ils sont crédibles. Pourtant, dans la réalité, je ressens toujours cette urgence d’être là, de continuer. Comme si quitter le pouvoir signifiait perdre une bataille… ou me retrouver face à une forme de vide.
(Il sourit légèrement, presque amer.)
PHILOSOPHE : Très bien messieurs, vous avez au moins envisagé des idées différentes, peut-être feront-elles leur chemin. Alors nous allons nous en tenir là pour cette fois, mais n'hésitez pas à venir consulter à nouveau un philosophe ou une philosophe praticienne. Nous sommes maintenant un certain nombre à développer cette pratique tout autour de la planète.
MACRON : (ton plus relâché, sourire plus franc, mais teinté de gravité)
Je partage cet avis. Ce genre d’exercice est rare, et il m’a mis face à des choses que je savais sans doute déjà, mais que je ne voulais pas voir aussi clairement.
(Il me regarde, avec un mélange de respect et d’amusement.)
Qui sait, peut-être que dans un monde où plus de dirigeants se prêteraient à ce genre de consultation, nous éviterions certaines crises inutiles. Mais ce serait un monde bien différent…
POUTINE : (regard vers Macron, puis vers moi, avec une pointe d’ironie)
Un monde où les dirigeants d’État passeraient plus de temps à philosopher qu’à gouverner… Voilà qui serait un vrai changement. Mais je doute que ce soit pour demain.
MACRON : (clin d’œil rapide)
Pas si sûr… La philosophie n’est peut-être pas si éloignée de l’art de gouverner. La vraie question est de savoir si nous avons encore le courage d’y accorder du temps.
POUTINE : (regard vers moi, puis se lève lentement)
Du temps… Voilà une chose que nous n’avons jamais vraiment. Mais peut-être que c’est aussi cela, le problème.
bravissimo Laurence pour cette consultation inédite qui m'a à la fois beaucoup amusée et aussi éclairée sur les fonctionnements de ces deux hommes. Ce texte donne aussi à rêver, (en envisageant que ces deux hommes de pouvoir puissent se prêter au jeu de la consultation philo) et rêver nous fait du bien. Encore bravo à toi! et je verrai bien ce texte joué sur une scène de théâtre!! bises
valérie
Merci Laurence pour nous donner avec détails et arguments les portraits très crédibles de ces deux politiques .
Dans ce temps tumultueux j’ai aimé entrer dans ce temps de réflexion …L’ordre du monde de qui, de quoi pourrait- il dépendre?
Du temps de penser?
Penser: en avons nous les capacités…
Penser pour l’action en devenir?
Penser ensemble ?
Charlotte